Un entraînement de plus cette semaine, uniquement une sortie, et « tout sera parfait”.
25 répétitions au développé couché, et 60 abdominaux pour la dernière séance de la semaine, et “tout sera bon”.
Lorsque l’on se préoccupe de réaliser quelque chose de manière “parfaite”, il arrive souvent de se heurter au stress du perfectionnisme. Ce que l’on envisage se transforme en tunnel, au travers duquel il devient alors très difficile de lâcher prise. Nous souhaitons que tout “soit parfait”, et bien sûr, il y a toujours quelque chose de plus à améliorer, dès lors que nous y prêtons attention.
- À partir de quel moment “trop” d’effort deviennent nuisibles, et à partir de quel moment tombez-vous dans un rendement décroissant ?
- À partir de quel moment ce que vous faites maintenant s’avère être aussi inutile qu’une perte de temps ?
En effet, il existe un point, au-delà duquel les résultats que vous obtenez ne valent plus le temps passé sur une tâche, et c’est en continuant dans cette même direction, que vous foncez droit dans le mur. Et pour reprendre George Fisher :
Quand vous recherchez la perfection, vous découvrez que c’est une cible mouvante.
Refuser de lâcher prise est un peu comme enfoncer une branche dans la roue d’un vélo en mouvement : c’est après l’inévitable catastrophe que tout mouvement cesse. Pour beaucoup de personnes, ce perfectionnisme est comme une envie de voir la réalité correspondre avec la projection que l’on se fait. En d’autres termes, la tentative de réduire l’écart entre une image, et ce qu’il se passe réellement. Mais, pour aspirer au bonheur, atteindre ses résultats, ou bien, maintenir une certaine créativité, il faut comprendre que le perfectionnisme est un piège.
Dans cet article, analyse du perfectionnisme, et dix raisons pour lesquelles il n’est pas toujours votre meilleur allié.
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Présentation du perfectionnisme
Lorsque l’on parle de perfectionnisme, cela sous-entends en fait la composante psychologique, à savoir, se comporter comme si la perfection pouvait et devait être atteinte, et sous sa forme pathologique, la personne perfectionniste refuse de voir quelque chose qu’elle considère d’inaccomplie comme acceptable. Il semblerait qu’il existe donc globalement deux types de personnes perfectionnistes, même si les travaux de Slaney mettent en avant plus de types ; dans cet article, je me limiterais à mettre en opposition le perfectionnisme non-pathologique et le perfectionnisme pathologique.
Le perfectionnisme, lorsque non-pathologique, pousse les gens à de grandes réalisations, et à trouver une impressionnante motivation à accomplir quelque chose, je cite un extrait du site Le perfectionnisme.fr :
[…] dans sa forme positive, le perfectionnisme peut fournir l’énergie motrice qui conduit à de grandes performances. Le souci méticuleux du détail que requiert la recherche scientifique, le zèle qui pousse les compositeurs à travailler sans relâche jusqu’à ce que leur musique reproduise les sons merveilleux que l’imagination leur faisait entendre, et la ténacité des peintres qui restent à leur chevalet jusqu’à ce que leur œuvre corresponde exactement à leur dessein, tout cela résulte du perfectionnisme.
Le perfectionniste pathologique, quant à lui, nécessite une véritable prise en charge, car souvent, sa vie sociale en souffre, mais plus souvent, sa vie professionnelle. En effet, dans beaucoup de cas, l’on remarque que le perfectionnisme va de pair avec une productivité diminuée, ou bien une procrastination récurrente, c’est que, pour le perfectionniste, il n’est pas possible de travailler sur un autre projet, tant que le projet en cours n’est pas “parfaitement” achevé.
Lorsque l’on réfléchit au perfectionnisme, on se rends également compte qu’il peut parfois empiéter sur le bien-être personnel et sur le bonheur, la personne perfectionniste devient “esclave” de sa perfection, et en souffre, sans forcément en récupérer de véritables bénéfices. Cette quête de la perfection agit comme une force, qu’il est difficile de stopper, et qui ne cesse de se manifester à chaque “projet”.
Et pour sa santé, je pense que le même problème peut également se présenter : parfois, en pensant vouloir faire “parfaitement”, le temps et l’investissement ne valent pas les bénéfices en retour, tout comme, l’on finit par rapidement heurter le mur :
- C’est le cas lorsque l’on se met à suivre un régime de manière drastique, et que l’on se prive de tout ce qui sort du programme que l’on s’est fixé.
- C’est le cas lorsque l’on passe des heures en salle, à la recherche de gains musculaires, au détriment de sa vie sociale, de sa bonne humeur, ou bien de sa motivation.
- C’est également le cas, lorsque l’on passe son temps à éviter des occasions que l’on estime nuisibles à nos objectifs.
Il existe cependant, à mon sens, au moins dix raisons pour lesquelles l’on pourrait laisser tomber la recherche de la perfection :
- Plus de temps pour faire d’autre choses. Accepter la réalité de l’imperfection vous donnera plus de temps pour rencontrer des gens, travailler sur d’autres projets, et équilibrer un peu mieux votre vie.
- Vous vous sentirez mieux. La recherche de la perfection peut être quelque chose de stressant ! Et le stress, comme vous le savez (car fidèles lecteurs du site), contribue à l’insomnie, à la surproduction de cortisol, aux inflammations, et l’augmentation de la pression sanguine.
- Vous serez plus heureux. C’est en étant moins préoccupé par la perfection que vous retrouverez du plaisir dans votre vie.
- Vous n’aurez plus peur de faire des erreurs. Il y si peu de choses que nous pouvons réellement contrôler dans nos vies, alors pourquoi avoir peur de quelque chose qui nous échappe ? Repensez à votre première voiture : quel soulagement après la première rayure.
- Vous réaliserez que votre vie n’est pas parfaite. Et comment pourrait-elle l’être ? Nous ne sommes que des petites créatures, nageant dans un marasme de questions sans réponses ; et nos vies entières sont entre les mains du hasard, de l’imprévu, et des vicissitudes de la fortune. Contrôlez ce que vous pouvez, et acceptez tout le reste.
- Vous saurez un peu mieux apprécier la “presque perfection”. Il vous arrivera, en de rares occasions, de vous retrouver là où tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes, avec votre santé, votre corps, vos amis, votre famille, ainsi qu’avec votre vie professionnelle, et vous serez bien plus reconnaissants et heureux pour ce genres de moments lorsqu’ils se présenteront à vous.
- Vous apprendrez à grandir. La perfection est un phénomène figé, à la signature statique, et si vous vous obsédez à l’atteindre, comment vous sera-t-il alors possible de grandir et d’évoluer ?
- Cela vous aidera à dire “non”. En refusant la perfection à tout prix, vous apprendrez également à dire “non” aux choses pour lesquelles vous n’avez ni le temps, ni l’envie.
- Cela vous aidera à accepter plus facilement le changement. Lorsque le perfectionnisme vous aveugle, le changement se fait chiche. En oubliant la quête de la perfection, vous serez plus ouvert d’esprit, et plus enclin au changement dans votre vie.
- Vous réaliserez que nous n’avons qu’une seule vie. Peu importe les projets, et peu importe là où vous en êtes, la conclusion est la même pour tous. Aussi, au lieu d’investir votre énergie de manière frénétique, pourquoi ne pas ralentir, et profiter un peu plus de tout ce que la vie a à offrir ?
En conclusion, le perfectionnisme est un piège. Bien qu’il permette d’accomplir de grandes choses, il est dans beaucoup de cas un frein à votre bien-être, et à force de vouloir bien faire, souvent, on se retrouve à perdre du temps et de l’énergie, pour des bénéfices qui n’en valent pas toujours la peine. Viser la perfection est une bonne chose, mais savoir mesurer les limites de cette approche vous profitera d’autant plus.