Lorsque l’on s’intéresse à sa santé, ou son bien-être, c’est naturellement que l’on réduit sa consommation en sucres. Et c’est souvent rapidement après que l’on se tourne vers des alternatives que l’on pense plus saine, comme certains édulcorants. Parmi ces édulcorants, le Splenda, contenant sucralose. Dans cet article, tout ce que vous devez savoir sur le Splenda.
A retenir
- Une étude parue en 2008, a étudiée durant 24 semaines les effets du Splenda sur des rongeurs.
- Il semblerait exister un phénomène de « pallier » pour la digestion du sucralose.
- La consommation de sucralose conduit à une réduction des bactéries présentes dans la flore intestinale.
- Elle augmente également la production de certaines protéines.
- Bien qu’intéressante, l’étude possède néanmoins une limite : les sujets testés.
- Parce que nous n’avons pas d’étude sur le long terme des effets du sucralose chez les humains, nous vous invitons à en modérer votre consommation.
Le Splenda, c’est quoi ?
Le Splenda est un édulcorant à base de sucralose, contenant également du dextrose, ainsi que du maltodextrine. Le sucralose est un disaccharide, qui est un glucide se formant lorsque deux sucres se lient, tout en perdant une molécule :
Le sucralose est créé à partir du sucrose, et ce en replaçant trois groupes hydroxyles par de la chlorine. Fait intéressant, en France, l’entreprise Merisant a porté plainte en 2006 contre deux slogans commerciaux de Splenda, a obtenu gain de cause en 2007. En effet, le tribunal a jugé que le slogan “provient du sucre et a un goût de sucre” induisait le consommateur en erreur en lui faisant croire que ce produit était extrait du sucre et qu’il était plus naturel que les autres édulcorants de synthèse ; et c’est après ce procès que le slogan fut changé, afin de faire comprendre au consommateur que le Splenda est un édulcorant de synthèse.
Les avantages du sucralose
Le sucralose possède quelques avantages que beaucoup d’édulcorants de synthèse n’ont pas, comme :
- Aucun arrière-goût.
- Stable lorsque chauffé, rendant donc son utilisation possible avec des recettes.
- Stable avec différentes acidités, permettant de le mélanger avec du jus de citron par exemple, sans que son goût n’en soit affecté.
Il faut savoir qu’en 1988, la FDA (Food and Drug Administration) a approuvé son utilisation, et ce après avoir évalué comme non-dangereuse une consommation ne dépassant pas 5 mg par kilo de poids de corps, par jour. La FDA a accepté une dose journalière admissible (DJA) de 1,6 mkg/ kg/ jour (pour un individu moyen de 70 kilos, cela corresponds donc à une fourchette allant de 112 mg par jour à 350 mg).
Puisque le sucralose est à peu de choses près 600 fois plus puissant que le sucre, 112 mg correspondraient à 67,2 grammes de sucre (à peu près 16 cuillères à thé de sucre), 350 mg correspondraient à 210 grammes de sucre (un peu plus de 50 cuillères à thé de sucre).
Evaluation des dangers du Splenda
Analysons une étude ayant étudié les dangers du Splenda, parue en 2008, et intitulée Splenda alters gut microflora and increases intestinal p-glycoprotein and cytochrome p-450 in male rats.
Pour cette étude, les chercheurs ont utilisé des rats de laboratoire, et ils ont analysé les effets du Splenda sur le système gastro-intestinal des rongeurs.
Durant 12 semaines, les rats ont consommé différentes quantités de Splenda, ou bien de l’eau (pour le groupe “contrôle”) :
- Eau (soit 0 mg/ kg/ jour de sucralose)
- 100 mg/ kg/ jour de Splenda, soit 1,1 mg/ kg/ jour de sucralose
- 300 mg/ kg/ jour de Splenda, soit 3,3 mg/ kg/ jour de sucralose
- 500 mg/ kg/ jour de Splenda, soit 5,5 mg/ kg/ jour de sucralose
- 1000 mg/ kg/ jour de Splenda, soit 11 mg/ kg/ jour de sucralose
Durant 12 semaines, les déjections des rats ont été analysées, au travers de la mesure du pH, ainsi que la quantité de bactéries présentes ; de plus, les rats ont été pesés une fois par semaine. Au bout de 12 semaines, la moitié des rats ont été tués, la deuxième moitié ont eu un traitement à base d’eau, et ce durant 12 semaines supplémentaires.
Résultats de l’étude
Variation de poids
Les résultats sont intéressants : pour les rats n’ayant consommé que 100 mg/ kg/ jour de Splenda, il y a eu un gain de poids plus important que chez les rats ayant consommé plus de Splenda ; l’hypothèse étant une compensation en protéines du corps, afin de pouvoir digérer le sucralose.
Durant les 24 semaines (12 semaines de consommation de sucralose + 12 semaines sans), les rats ayant consommé 100 mg/ kg/ jour, et ceux ayant consommé 500 mg/ kg/ jour ont gagné plus de poids que le groupe n’ayant bu que de l’eau (groupe “contrôle”), mais il n’y a eu aucune différence entre le groupe ayant consommé 300 mg/ kg/ jour, et le groupe ayant consommé 1000 mg/ kg/ jour. Cela s’oppose donc à nos conclusions naturelles, puisque l’on serait tenter de penser que ceux ayant consommé plus de Splenda auraient du gagner plus de poids, ou bien ne montrer aucune différence. Dans ces résultats, nous avons donc un gain de poids variable, mais indépendamment de la quantité de sucralose consommé ; et l’auteur ne fournit hélas aucune explication.
Une hypothèse possible consiste à dire qu’il y a un phénomène de compensation, mais par “paliers” :
- Le premier pallier se situant après 100 mg/ kg/ jour, mais avant 300 mg/ kg/ jour.
- Le deuxième survenant après 500 mg/ kg/ jour, mais avant 1000 mg/ kg/ jour.
Bactéries
Au bout de 12 semaines de consommation de Splenda, les chercheurs ont trouvé moins de “bonnes” bactéries dans le système digestif des rats : pour le groupe ayant consommé 100 mg/ kg/ jour, il y a eu une baisse de 49,8% des bactéries anaérobies. Au bout des 24 semaines, le niveau des ces mêmes bactéries n’est pas revenu à la normale ; en effet, au bout des 24 semaines, pour les rats n’ayant consommé que 100 mg/ kg/ jour, il y a eu une perte totale de plus de 53,9% des bactéries anaérobies !
Protéines : Glycoprotéine-P, et Cytochromes-P450
La dernière chose que les chercheurs ont observé a été le changement dans la production de certaines protéines. Au bout des 12 semaines de récupération pour les rats, les chercheurs se sont penchés sur les glycoprotéines P, ainsi que les cytochromes P450 dits isoenzymatiques (enzymes ayant une structure différente, mais des fonctions similaires).
La glycoprotéine-P est un transporteur chimique, et il a été observé une augmentation du nombre de glycoprotéines-P avec 300 et 500 mg/ kg/ jour de Splenda ; à l’inverse, avec 1000 mg/ kg/ jour, la quantité de glycoprotéines-P a diminué.
Comment interpréter ces résultats ?
Et bien, cela signifie que l’augmentation de la production des glycoprotéines-P a permis l’évacuation du sucralose des intestins, mais à partir de 1000 mg/ kg/ jour, ce sont les cytochromes-P450 qui sont intervenus.
Les cytochromes-P450 sont une famille de protéines, et pour cette étude, les chercheurs se sont penchés sur l’observation de deux protéines appartenant à cette famille : les CYP3A4, et les CYP2D1. Inutile de retenir les lettres, il faut simplement savoir que cela corresponds à deux variations d’une même protéine ; les deux étant responsables de la digestion des toxines (ou certains médicaments) dans les intestin, ainsi que dans le foie. Les chercheurs ont observé une augmentation de la production de ces protéines directement liée à l’augmentation de la consommation de Splenda.
L’auteur de nous expliquer que parce que 1000 mg/ kg/ jour de Splenda ont conduit à la plus importante production de CYPs, afin de digérer le sucralose, il n’y avait aucun besoin pour le corps de produire plus de cytochromes. Cela expliquerait donc pourquoi il n’y a pas eu d’augmentation de glycoprotéines avec la consommation de 1000 mg/ kg/ jour de Splenda.
Limites de l’étude
Bien qu’intéressante, cette étude possède néanmoins une limite évidente : les sujets testés. En effet, cette étude a été menée sur des rats, et non des humains, et l’on sait que le métabolisme des rongeurs diffère de celui des humains. Sans une étude sur des humains, et mesurant les effets du Splenda sur la santé, il est difficile de véritablement mesurer les effets du sucralose sur l’organisme.
Conclusion
Malgré les limites de l’étude, il nous est quoi qu’il en soit possible de tirer certaines conclusions :
- Une faible consommation de Splenda (commençant à 100 mg/ kg/ jour) peut conduire à un gain de poids.
- Si l’on augmente sa consommation de Splenda (à partir de 300 mg/ kg/ jour), il est possible que le système digestif en souffre, qu’il s’agisse aussi bien de la flore intestinale, que des protéines présentes.
Il faut savoir qu’une changement dans l’équilibre de votre flore intestinale peut conduire à plusieurs problèmes de santé, comme un affaiblissement du système immunitaire, ou bien une capacité réduite à absorber des nutriments.
Bien qu’à première vue, l’augmentation de la production des cytochromes et des glycoprotéines soit une bonne chose, il se peut que cela vous porte préjudice. Par exemple, si vous êtes sous traitement, pour lutter contre un cancer, ou bien, une dépression, il se peut que les médicaments soient évacués plus rapidement, donc moins digérés.
L’avis de la rédaction
Si vous souffrez de problèmes digestifs, des difficultés à perdre du poids, ou bien que vous êtes sous traitement, nous vous déconseillons la consommation de Splenda. Si vous êtes enceinte, nous vous déconseillons également la consommation de Splenda, ou tout autre édulcorant à base de sucralose, les études sur le long terme n’existant pas encore, le sucralose n’a été découvert qu’en 1976. Pour les autres, une consommation très modéré est le plus sage, et ce parce qu’il est très difficile de mesurer la quantité de sucralose au bout de la journée, tout comme, de plus en plus de compléments alimentaires en contiennent, et ce sans toujours mentionner la quantité de sucralose. Il se peut donc que vous dépassiez la dose admise de 5 mg/ kilo de poids de corps par jour, et ce sans vous en rendre compte. Nous vous invitons à vous tourner vers des alternatives naturelles, comme le sirop d’agave, ou bien simplement apprendre à modérer votre consommation en sucre.
Sources
- Abou-Donia MB et al. Splenda alters gut microflora and increases intestinal p-glycoprotein and cytochrome p-450 in male rats.
- Goldsmith LA. Acute and subchronic toxicity of sucralose. Food Chem Toxicol. 2000;38 Suppl 2:S53-69.
- Les bactéries anaérobies
- Wikipédia Le sucralose