Ce dossier en 4 parties est une libre traduction d’une série rédigée par James Krieger intitulée « L’Insuline, une mauvaise réputation non méritée«
Dans le précédent article, j’ai rédigé un article sur l’insuline et j’ai montré combien elle avait été inutilement décriée comme mauvaise dans le milieu de la nutrition. Cela est dû à de nombreuses erreurs à son sujet, ses effets biologiques et sa sécrétion. Je veux continuer à clarifier ces points.
1er Mythe : Les pics d’insulines sont mauvais.
Réponse : Les pics d’insuline sont aussi utiles qu’importants sur un plan physiologique.
Dans l’article précédent, j’ai démontré comment la protéine causait des pics d’insuline, tout autant que les glucides, et que ces mêmes pics en sont en rien liés à la gluconéogenèse depuis les protéines (c’est à dire la conversion des protéines en sucre).
J’ai également montré comment ces pics sont en partie responsables de la suppression de l’appétit qui est causée par les protéines (et ce grâce à l’action de l’insuline sur le cerveau permettant l’inhibition d’appétit).
Je souhaite discuter plus en détail l’importance des rapides pics d’insuline causés par l’alimentation et à quel point ils sont importants pour la régulation du taux de sucre dans le sang. Pour cela, il est nécessaire de revenir sur les différentes phases de la sécrétion d’insuline. La sécrétion de cette dernière se fait en deux phases. La première arrive rapidement : votre pancréas détectant l’augmentation du glucose, libère de l’insuline dès les premières minutes en réaction à cette élévation de glucose. Cette rapide phase en réponse au glucose et la réponse du pancréas libérant l’insuline stockée. Cette phase dure une dizaine de minutes. Ces phase est altérée chez les personnes ayant une intolérance au glucose (personnes ayant une réponse au glucose supérieure aux individus en bonne santé, et des phases à jeûn plus rapides, mais sans qu’elles ne soient diabétiques). Cette phase de réponse est totalement absente chez les diabétiques de type 2.
Il existe ensuite une seconde phase qui survient au fur et à mesure de l’élévation du glucose. La libération de l’insuline dans le sang et réalisée par l’insuline stockée, tout comme survient la production d’insuline (crée par un précurseur nommé proinsuline). En injectant du glucose dans le sang de personnes en bonnes santé et chez les diabétiques de Type 2, la réponse insulinique ressemble à ceci :
Vous remarquez que la phase de réponse rapide est absente chez les diabétiques.
Il existe un médicament nommé Exénatide qui permet de rétablir cette phase chez les diabétiques :
Réponse insulinique chez les diabétiques de Type 2 et chez les individus en bonne santé auxquels il a été injecté du glucose en intraveineuse. Les cercles représentent la réponse de l’insuline chez les diabétiques de Type 2 auxquels un placebo a été donné. Les carrés représentent la réponse de l’insuline chez les sujets ayant reçu l’éxénatide. Vous pouvez observer que le médicament permet la restauration de la phase de réponse rapide. Les cercles noirs représentent la réponse de l’insuline chez les individus en bonne santé.
La restauration de la phase rapide permet une amélioration du niveau de glucose chez les diabétiques :
Réponse au glucose chez les diabétiques de Type 2. Les cercles représentent les sujets avec placebo. Les triangles noirs et les cercles représentent les sujets ayant reçu l’éxénatide. Vous remarquez que le sucre dans le sang reste stable pour le sujets ayant reçu l’éxénatide, mais augmente de manière progressive chez les sujets avec placebo.
Vous pouvez voir dans le tableau ci-dessus que le glucose sanguin reste stable chez les individus ayant reçu l’éxénatide, mais augmente de manière progressive chez les autres individus.
Beaucoup de personnes aiment expliquer l’obésité et la prise de poids à cause de l’insuline, mais l’éxénatide, qui restaure les pics d’insuline chez les diabétiques de Type 2, conduit à la perte de poids :
Ce perte de poids s’explique en partie grâce à une amélioration de la satiété. L’éxénatide est un médicament qui imite les effets d’une incrétine (hormone) appelée Glucagon-like peptide 1 (GLP-1). La GLP-1 est une hormone intestinale stimulant la production d’insuline. La GLP-1 en plus de stimuler la sécrétion d’insuline, améliore également sa synthèse, régule l’expression des gênes de l’insuline, et inhibe la sécrétion du glucagon (hormone opposée de l’insuline). Bien que l’éxénatide, imitant la GLP-1, stimule la sécrétion d’insuline, provoque une perte de poids.
Ce qu’il faut retenir ce que les pics d’insuline ne sont pas une mauvaise chose. Les protéines causent également des rapides pics d’insuline, et pourtant, les protéines diminuent l’appétit et provoquent une perte de poids. La GLP-1 et des médicaments tels que l’éxénatide contribue aux pics d’insuline et aux pics de glucose dans le sang. Il a été établi depuis longtemps que l’augmentation et la diminution soudaine de glucose dans le sang peut contribuer à augmenter la faim. Parce que l’augmentation soudaine de glucose dans le sang conduit à l’augmentation de l’insuline dans le sang, beaucoup finissent par blâmer l’insuline pour cela (et par la même occasion l’effet des glucides à index glycémique élevé sur l’insuline).
2è Mythe : Parce que les diabétiques s’injectant de l’insuline prennent du poids, nous pourrions penser que l’insuline est responsable pour la prise de poids chez les personnes non diabétiques.
Réponse : L’amyline est une hormone sécrétée en parallèle de l’insuline chez les personnes non-diabétiques ; l’amyline est un coupe-faim et des effet lipolytiques.
Je souhaiterais remercier le Dr Stephan Guyenet pour cette information. J’avais entendu parler de l’amyline, mais sans me pencher véritablement dessus. L’amyline est une hormone sécrétée par le pancréas en même temps que l’insuline. L’amyline diminue l’appétit, et stimule la lipolyse (Hydrolyse enzymatique des graisses).
Les diabétiques de Type 1 ne produisent pas d’amyline, et la sécrétion est altérée chez les diabétiques de Type 2.
Cette information démontre que les effets de l’injection d’insuline chez un diabétique ne peuvent pas êtres comparés aux effets des changements physiologiques chez une personne non-diabétique, et pourtant, beacoup de personnes font un rapprochement qui n’a pas lieu d’être.
3è Mythe : En diminuant l’insuline, il est possible d’améliorer la régulation de l’appétit.
Réponse : L’insuline est une hormone critique dans le rôle de la satiété.
J’ai déjà répondu à ce mythe dans le précédent article sur l’insuline, en montrant combien la protéine stimulait la sécrétion d’insuline et permettait de diminuer l’appétit. Je voudrais encore une fois remercier le Dr Guyenet pour cette information, mais quand les recepteurs à insulines sont supprimés dans le cerveau d’une souris, elle finit par trop manger et devenir obèse.
4è Mythe : Toutes ces informations ne s’appliquent qu’aux individus en bonne santé.
Réponse : Cela s’applique également chez les personnes obèses et chez les diabétiques.
Sur des forums, il m’est arrivé de voir des personnes réagissant à mon précédent article en expliquant que toutes ces informations ne s’appliquaient qu’aux individus en bonne santé, et non aux diabétiques ou aux personnes obèses. Elles continuèrent d’affirmer que traiter l’obésité et le diabète doit se faire par une régulation de l’insuline….et il n’y a rien de plus faux que cette affirmation. Il suffit de reprendre les études mentionnées dans cet article (comme par exemple le rôle de l’éxénatide dans la restauration des pics d’insuline et l’amélioration du contrôle du glucose dans le sang, ainsi que la régulation du poids chez les sujets diabétiques), tout comme il est évident que les diètes riches en protéines profitaient aux diabétiques et aux personnes obèses, et ce bien que la protéine soit un puissant stimulant pour la sécrétion d’insuline. Comme mentionné plus haut, beaucoup de personnes semblent confondre contrôle du glucose dans le sang et contrôle de l’insuline. C’est la régulation du glucose qui est en partie responsable des effets bénéfiques sur la santé des glucides à index glycémique faible, ou la réduction des glucides, ou l’augmentation de la consommation des protéines, ou encore des fibres alimentaires, des fruits, légumes, ou encore la consommation de produits complets en lieu et place d’aliments raffinés. Ce n’est pas le contrôle de l’insuline ; son contrôle finit par être un sous-produit de ses réactions provoqués par l’amélioration de la sensibilité à l’insuline (c’està dire, la réponse des cellules à l’insuline) ainsi que la réduction des fortes variations du taux de glucose dans le sang.
Souvenez-vous, l’insuline n’est pas la bête noire.